samedi 29 juin 2013

Tendres nouvelles - Et si j'écrivais des histoires... Ma première nouvelle "Frustration"





Avant toute chose, voici quelques détails de mon portrait (ceci expliquant cela) :

Mon pêle-mêle
de références écrites: un peu d'Epicure, de Nietzsche, d'Onfray beaucoup d'Aristophane, de Diderot, de Maupassant, de Proust et bien d’autres...;
de références temporelles: le XIX ème siècle et début XX ème;
de référence spatiale: la nature;
de références visuelles: tous les films de Jacques Tati, Fellini, Oury, Leone;
de références auditives: le chant des oiseaux, toute musique harmonieuse (du classique à l’électro) et chanson à texte;
de références zygomatistiques: Desproges, Devos et les Inconnus;
de références jardiniesques: les roses anciennes et les vivaces.
Mes non-références: l’immobilisme, les experts, la grande gueule et la connerie (ceci résumant cela).
Généreuse dans mon partage avec vous de toutes ces richesses.

C’est tout moi et ce sera tout moi, même dans mon métier, et oui !

Mais quel prof de gym est-elle devenue ?

Pour :
-l’attachement aux élèves
-la pédagogie de la réussite
-la création
-l’imagination
-le jeu
-le travail de groupe
-l’interdisciplinarité
-l’utilisation du numérique
-l’innovation pédagogique
-la communication
-le rythme de chaque élève

Bref, tout ce qu’il n’y a pas dans l’environnement de son métier.
Mais comment s’en sort-elle ?

Donc contre :
-le détachement
-le « tu es nul » ou « tué nul »
-l’immobilisme
-l’individualisme
-le « ma matière est plus importante que la tienne »
-le tableau vert et la craie
-la non remise en question
-le « il faut que rien ne se sache »
-le « collège unique », tout le monde avance en même temps, car comme tout le monde le sait nous sommes tous pareils.

C’est bien d’être contre, mais cela ne suffit pas, alors que fait-elle ?

Elle y croit (non, pas dans un dieu), elle a foi (non pas dans une religion), elle a un credo (non, il faut arrêter là !). Elle agit (là, c’est mieux !).

Tout en croyant (encore !), oui mais dans l’intérêt des élèves, leurs capacités d’imagination, de création, d’adaptation, de curiosité pour la nouveauté, leur sens de l’humour (ça sauve).

Mais comment agit-elle ou s’agite-t-elle ?

En se creusant le cerveau (jouissif !), en refusant les préjugés, les postulats, les formats, les catégories, en innovant, en construisant plein de projets, surtout avec des collègues d’autres matières (plus on est de fous plus on rit), en complétant les programmes d’une autre façon, en faisant émerger les réelles compétences de chaque élève (y compris sportives), tous les élèves sont différents (ah bon !).

Et surtout, surtout, surtout, en transformant le « cela doit être chiant pour être efficace » en un espace ludique où la devise serait d’« apprendre en jouant ». Le graal, pouvoir participer aux éclats de rires des jeunes.

Son royaume d’action :

L’EPS, l’option facultative (pour les motivés), les Travaux Personnels Encadrés (l’école de demain !), les activités péri-éducatives (l’ouverture culturelle), professeur principal...

L’association, non pas avec un malfrat, mais elle a trouvé en un collègue, son alter ego.
Au départ, tout pourrait les opposer. C’est un garçon, elle est une fille, il est jeune, elle est presque vieille, il est professeur de français, elle est professeur d’EPS, mais...ils ont la même vision de l’éducation, la même curiosité culturelle et la même bougeotte, d’où moult projets ensemble. De plus, soutenus par leur direction (eh oui! chanceux), ils vont s’éclater !

Et les histoires là dedans ?

Je réintègre ma peau car je ne suis plus tout à fait la personne publique.
Bin, j’ai une imagination débordante qui sature mon cerveau, il faut que ça sorte ; et puis d’après plusieurs personnes j’écris bien...une prof de sport ?...Bin oui, chuis pas dans un catalogue, je ne rentre pas dans une catégorie...Chuis a-normale ! Exit le cliché !

Mon écriture se cantonnait jusque là dans les lettres administratives pour moi, ma famille, mon équipe pédagogique, mon établissement.

« Bouleversification », j’ai décidé que maintenant j’écrirais DES HISTOIRES, na ! Et je m’éclate !

Et comme un écrivain ne saurait être s’il n’est lu, je partage ici, avec vous, mes écrits.
Je m’initie et commence par des nouvelles que je classe (je m’y mets aussi) en deux catégories (aïe !) « Tendres nouvelles » et  « Inspiration Hopper ».

Je vais maintenant m’effacer (avec la brosse à tableau vert...non ! d’un clic de souris) et vous laisser entrer dans MES HISTOIRES.

Que la lecture commence !


Ma première!
Voici la nouvelle que j'ai écrite pour le concours samsung galaxy note. Je n'ai pas gagné...ouin!
Dans celle de la gagnante, il y avait du sexe, du viol, des interdits, de la frustration mais pas la mienne. Je ne pouvais pas lutter, je vous laisse découvrir pourquoi.

Elle rentre dans le cadre des "Tendres nouvelles". Il s'agit d'une...



Frustration




Il était onze heures ce dimanche matin. Maman venait d’ouvrir délicatement la porte de ma chambre. Et comme à son habitude, elle pestait contre cette dernière qui grinçait fièrement. Plus Maman s’appliquait, plus ce bout de planche exprimait sa désobéissance. Ce fut ensuite le ronronnement du moteur du volet roulant qui prit le relais. Dans mon nouveau lit, je m’étirais, tel un félin – j’aime bien les chats, ce sont les chiens qui me hérissent les poils – pendant que ma mère s’enquit de savoir si j’avais passé une bonne nuit.
Comme à l’accoutumée, je lui répondis dans mon mode d’expression favori à ce moment de la journée, hésitant entre grognements et mue adolescente. Mais ma mère n’était déjà plus là. Comme à son habitude, elle avait posé la question et avait filé sans en attendre la réponse, déjà sur le pied de guerre.
Elle est hyperactive, ce qui me laisse impassible. Je l’adore mais elle m’a fabriquée ou je me suis construite plutôt lente et posée, un brin adepte de la procrastination. Vu la vitesse de ma réaction, son raisonnement est simple et logique : « Je lui pose la question. Pendant qu’elle réfléchit à la réponse, j’ai le temps de faire autre chose. Je reviendrais ensuite. »
Et Maman arriva. Ma réponse fut oui, sans hésitation ; mon nouveau lit était très confortable.
Son achat avait été une évidence. J’avais grandi, je travaillais sérieusement à l’école, en apparence. Ma pièce à vivre était longue et étroite et ne permettait plus de cumuler les fonctions de chambre à coucher, bureau et salle de jeu. Bref, je passais beaucoup de temps dans ce petit environnement. Des gens ingénieux et la mode étaient passés par là et nous avaient trouvé la solution, le lit à étage surmontant le bureau tant utilisé, pas forcément dans le sens souhaité et imaginé par mes parents.

L’achat du samedi avait passablement entamé le moral de mon Papa bricoleur. Le meuble n’était pas monté. L’époque, géniale certes, était au kit. Les jurons et la question fatidique de mon ingénieur de père : « Mais qui a inventé ce truc-là ? » s’immisçaient entre bruits de planches et de marteau. La construction se poursuivait, il fallait bien que je dorme quelque part ce soir-là.

Donc ma réponse était un oui franc et massif, englobant le nouveau bureau. Un petit inconvénient demeurait cependant. Quand on se levait de la chaise, il fallait faire attention de ne pas se cogner la tête contre le lit. Mais là aussi la technologie et le marchand de meubles venaient à mon secours avec le fauteuil à roulettes. Et hop, une petite marche arrière et le tour était joué.
Comme je le disais, Maman avait eu le temps de mettre mon thé dans la boule, un sucre dans le bol, verser le jus d’orange, faire chauffer l’eau dans la bouilloire électrique.
Je descendis à la cuisine tout en continuant de m’étirer tel un félin, les poils hérissés à la vue du chien du voisin farfouillant dans notre jardin à la recherche de L’indice. C’est un bâtard de chasse. Alors que je mettais les pieds sous la table, la discussion, dans un mode plus civilisé car j’avais dépassé le stade préhistorique, revint sur le nouveau mobilier. Oui j’étais contente, dans la version officielle, de mon lit, dans la version off, de mon bureau qui me permettrait de passer des heures confortablement installée devant mon ordinateur, la nuit devenant accessoire.
Cependant, Maman ne semblait pas contente, alors qu’elle avait fait ce choix avec Papa pour mon bien-être. Quelque chose clochait. Quelque chose avait changé dans sa vie, mais impossible de savoir quoi. Elle ne plaisantait pas beaucoup, alors que son naturel plutôt rigolard prenait souvent le dessus. Sa petite ride verticale se creusait dangereusement entre ses sourcils, à la fois triste et soucieuse. Elle apparaissait souvent par temps de pluie, mais ce jour-là, il faisait beau.
Le jardin, son royaume, resplendissait de toute l’attention qu’elle y portait. Les fleurs fleuraient bon, les oiseaux chantaient, véritable complicité entre eux  et la reine du lieu. On aurait dit qu’ils venaient nicher là pour lui faire plaisir. Il faut dire qu’elle les connaissait presque tous, par leur petit nom scientifique. Ils étaient tout déplumés devant elle, leurs moeurs n’avaient aucun secret. Elle les épiait de la fenêtre avec ses jumelles. Plus d’intimité pour les boules de plumes ! Cependant, elle attendait toujours l’oiseau rare. Pour moi ce n’était que des piafs qui ne méritaient pas un tel intérêt, mais bon, si ça lui faisait plaisir.

La journée se déroula comme un dimanche :
Maman et Papa dans le jardin ; ma  mère a trouvé dans mon père, son paysagiste. Papa conçoit, Maman interprète et transforme, c’est une affaire qui marche !
Ma sœur et moi devant l’ordinateur ; j’ai une grande sœur qui à l’inverse de moi étudie beaucoup et qui comme moi a hérité du même lit en hauteur, par commodité et souci d’égalité.
Le double achat a creusé deux fois plus la petite ride de Maman. Mais nous n’en savions toujours pas plus sur l’origine du tourment.
Le dimanche se termina normalement, après la cérémonie et les échanges chaleureux du thé et le souper. Notre petite mère, se fermait à la communication, penchée sur le repassage des chemises de Papa. La tristesse du moment, pour toute la maisonnée, était plutôt du au fait de reprendre obligatoirement le travail le lendemain matin.

Le radio-réveil pour Papa, le réveil hurlant pour Maman, c’est lundi matin. Cette dernière ouvre délicatement la porte de ma chambre, qui grince toujours, annihilant tout effet de surprise. Et me dit : « As-tu passé une bonne nuit ? »
L’esprit primitif exacerbé, vu l’heure et le jour de classe, je mugis: « Unmm »
Maman procède à la même opération chez ma sœur et en sort visiblement agacée.

Tous réunis autour de la table du petit déjeuner, n’y tenant plus, Maman de lâcher :
« Je suis malheureuse, je ne peux plus faire des bisous et des prouts dans le cou de mes bébés endormis », maudit achat qui devrait en principe durer un certain temps. 



à bientôt, pour une prochaine...

1 commentaire:

Tistou-les-pouces-verts a dit…

Vingt-dieux la belle histoire !!!