mardi 25 février 2014

Humeur, nouvelle, c'est selon

Inspiration du jour, bonjour!

Voici sous vos yeux mes derniers écrits et cris. Je vous laisse les parcourir. A vous de juger de la nature du libellé, je n'ai pas pu la déterminer.

Bonne lecture...



Homonymie aggravée


L’invité du Dr Robert Expartam, édulco-analysologue à la revue « Par ici »

L’entretien,

- Tout d’abord bonjour, et merci d’avoir accepté d’être parmi nous aujourd’hui.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
- Oui, je le peux, dit l’invité, anatomiquement tout en rondeur.
- Mais, plus précisément.
- Heu, je suis donc un adjectif qualificatif selon le dictionnaire « Le petit Vous » et un adjectif qualificatif selon l’Encyclopédie « Dis moi tout », vous saisissez la nuance.
- Oui d’accord, mais vous êtes nombreux dans votre cas, cela n’éclaire pas beaucoup nos chers lecteurs.
- Afin de préciser ma situation, je me trouve entre « gaguesque », je ne plaisante pas, et aux antipodes « gaïac ». Je vois d’ici les petits malins qui vont se jeter sur leur « Dis moi tout », les voilà bien avancés.
- Avez-vous des consoeurs ?
- Oui, bien-sûr, elles ont toutes un « e ». Elles ont ce petit  prolongement que nous n’avons pas au genre masculin, il faut bien nous distinguer.
- Est-ce que cela vous dérange ?
- De quoi ?
- De ne pas avoir ce petit prolongement ?
- Votre question est bizarre, avoir un « e » ou pas me paraît naturel, c’est ainsi fait.
- Venons-en au sujet de cette interview. Vous dites être banni, qu’en est-il ?
- C’est exactement ce qui me chagrine actuellement et va à l’encontre de ma vraie nature.
- Quelle est-elle habituellement ?
- Plutôt enjouée.
- C’est complètement paradoxal !
- Je ne vous le fais pas dire.
- En fait, de quoi êtes-vous banni ?
- Et bien, du vocabulaire français.
- A ce point ?
- Tout à fait.
- Vous exagérez, vous ne pouvez en sortir tout seul, il faut l’intervention de la toute puissante Académie pour cela.
- Absolument pas, l’usage suffit et fait de moi une victime.
- Mais de quoi donc ?
- D’homonymie tout simplement. Et je dirais même mieux, d’homonymie aggravée.
- Expliquez-nous !
- J’ai quatre homonymes répertoriés et l’un d’entre eux me harcèle.
- Victime de harcèlement donc ?
- C’est effectivement le cas.
- Dites-moi, mais cela peut aller très loin tout ça, dit le docteur sur un ton jubilatoire.
- J’en doute fort.
- Pouvez-vous nous dévoiler l’identité de ce personnage néfaste ?
- Je ne sais pas si je le dois, j’ai peur.
- Peur des représailles peut-être ?
- Oui, d’aller trop loin et d’être assailli de démêlées judiciaires. Cependant, son attitude envers moi demeure inqualifiable.
- Nous sommes entre nous, vous ne risquez absolument rien. Cela ne sortira pas du cadre du lectorat.
- Vous le pensez sincèrement, vous me le promettez ?
- Oui, oui vous pouvez nous faire confiance ; le docteur opina d’un regard protecteur mais irrésistiblement narquois.
- Dans ce cas, voici une petite histoire vécue, venant illustrer mon propos.
Par une belle journée ensoleillée, temps que j’affectionne, je me promenais dans une phrase, accompagné d’un nom commun, pas triste par nature, plutôt joyeux luron.
Soudain, nous rencontrons un nom propre de ma connaissance et je voulus, tout en le saluant, le qualifier. Mal m’en a prit. Ce dernier de me dire sur un ton de reproche : « Oh non, pas moi, je ne te permets pas ! ». Je venais visiblement de le qualifier de quelque chose de honteux sous le poids d’une société toute pétrie de préjugés moraux.
Faisant immédiatement la relation avec mon homonyme, usurpateur d’identité, je me suis alors confondu en plates excuses, rouge de confusion.
Il faut dire qu’en plus ce dernier était l’objet de nombreuses polémiques souvent d’origines politico-journalistiques, l’un n’allant pas sans l’autre ; mariage, genre, nudité…servies en pâture à heures de grande écoute.
Depuis ce jour, je suis triste car je me sens exclu, tout au moins de l’oralité. Il me reste l’écriture, mais où j’apparais tout de même désuet. Disons que je survis grâce à la « Littérature », ce grand mécène ayant encore quelques adeptes. Pourtant, sous cette forme, il n’y a point d’ambiguïté ; la voyelle qui termine mon adjectif  étant différente de cet autre, cet homonyme.
Malgré tout, je reste sombre, je suis devenu mon contraire, dénaturé. C’est dans l’alcool et l’ivresse que je peux, parfois, redevenir moi-même. Quel avenir !
- Vous ne nous avez toujours pas dit qui est cet imposteur. Nos lecteurs doivent s’impatienter – le docteur aussi.
- Je ne vais pas les faire attendre plus longtemps…il s’agit de « Gay ».
Et vous, vous êtes ?
« Gai », compagnon d’infortune de « Pagaie ».
- Maintenant nous comprenons tout. Mais je ne suis pas sûr que nous puissions faire quelque chose pour vous, mise à part compatir. La situation de votre  « homo comme ils disent » n’est guère plus enviable. Telle est mon analyse.
- Je vous remercie pour vos conclusions et votre invitation. Cela m’a fait du bien d’en parler avec vous.
- C’est moi qui vous remercie, je vous dis au revoir et soyez courageux comme un pinson!
- ?...Ah oui ! J’ai compris.
- Je donne rendez-vous à nos lecteurs pour une prochaine analyse du Dr Robert Expartam.


A bientôt.

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